MUSIQUES INTERDITES
Concert

Musique de cabaret| Klezmer | Censure

Quand les lumières s’éteignent
Les musiques interdites du IIIe Reich

ActeSix

Rallumons les lumières qui se sont éteintes sous le IIIe Reich et rendons aux artistes censurés la place qui leur revient. Ouvrons les portes du célèbre cabaret de l’époque « le Moulin à poivre », prêtons l’oreille à la musique dégénérée, celle des hommes sans racines. ActeSix nous invite à découvrir une partie du puits sans fond de ces musiques interdites, musique dodécaphonique, école de Weimar, musique de cabaret, musique baroque juive.

La presse en parle : Musiques interdites, cabaret d’hier et d’aujourd’hui avec le chef Samuel Hengebaert et le metteur en scène David Lescot.(Publié le 21 septembre 2025, Propos recueillis par Gilles Charlassier, La Terrasse)

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Représentation :

TOURCOING, Auditorium Albert Roussel du conservatoire

Samedi 15 novembre 2025 – 18h

Tarif : 6€ à 15€

Env. 1h30

Lucile Richardot, une mezzo au timbre de velours… LE FIGARO

Programme

Erwin Schulhoff
Jonny spielt auf, extraits – 1927

Friedrich Holländer
Jonny, wenn du Geburstag hast (texte de F. Hollaender)

Hanns Eisler
Präludium und Fuge über B.A.C.H. pour trio à cordes op. 46 – 1934
Andante con moto – Etwas fliessend – Sehr Breit – Allegretto (man non troppo)

Zikmund Schul
Duo pour violon et violoncelle – 1941/42 de 2 Chassidic Dances op. 15 Allegro moderato

Paul Dessau
Jewish Dance, Allegro vivo – 1940

Viktor Ullmann
Drei Lieder pour voix et trio à cordes – 1942/43
I – Herbst, poète Georg Trakl

Erwin Schulhoff
Susi, Foxtrot pour violon et piano
Adam Laloum ou Alexis Gournel, piano

Erwin Schulhoff
In Futurum, 5 Pittoresken – 1919

Erwin Schulhoff
Symphonie 4 arrangée pour accordéon solo (Julien Beautemps) – 1936/37 1er mouvement

Erwin Schulhoff
Sonata Erotica, pour voix seul – 1919

Alban Berg
4 Gesänge op. 1 – 1910
Schlafen, Schlafen sur un texte de Heinrich Heine 

Friedrich Holländer
Die Herren Männer (texte de Kurt Tucholsky) 

Friedrich Holländer
An allem sind die Juden schuld (texte original de Holländer, parole arrangées par David Lescot)

Salomone Rossi
Suite recomposée issue de – 1607/1608 :
Sinfonie e gagliarde, Libro 1
Varie sonate, sinfonie, gagliarde, brandi, e corrente, Libro 3
Sinfonia Terza detta la Cecchina
Gagliarda a 5 et a 3 si placet, detta la Massara Sinfonia Nona
Bénédiction à 3 voix
Gagliarda a 5 et a 3, si placet, detta la Norsina

Gioan Pietro Del Bueno
Sonata VII, Stravagante e per il cembalo cromatico – 1641

Paul Hindemith
Sonate op. 25 n°1 : Rasendes Zeitmass. Wild. Tonschönheit ist Nebensache – 1922

Kurt Weill
La complainte de la Seine, texte de Maurice Magre – 1934

Paul Dessau
Das Deutsche Miserere – 1943  (sur un texte de Bertolt Brecht, arrangement Julien Beautemps)

Gideon Klein
Trio pour violon, alto et violoncelle – 1944 ca. I – Allegro

Ilse Weber
Wiegala pour voix et accompagnement instrumental – 1944
Arrangement pour voix et trio à cordes de Julien Beautemps

traduction de l’allemand : Amalia Lambel

Distribution

Samuel HENGEBAERT Direction musicale
David LESCOT Texte
Amalia LAMBEL Dramaturge et collaboratrice artistique

Éléonore PANCRAZI Mezzo-soprano
Lucile RICHARDOT Mezzo-soprano
Adam LALOUM ou Alexis GOURNEL Piano (en alternance)
Omer BOUCHEZ Violon
Hélène DESAINT Alto
Alexis DEROUIN Violoncelle
Julien BEAUTEMPS Accordéon
Josèphe COTTET Violon baroque
Julie DESSAINT Viole de gambe
Eloy ORZAIZ Orgue
Mélanie FLAHAUT Basson

En savoir +

Intention 

« L’Allemagne m’était étrangère. Je n’avais pas de racines, je ne voulais pas en avoir. La terre natale ne me retenait pas (…) ».

Lorsqu’il écrit ces lignes, Klaus Mann ne sait pas encore qu’elles sont prophétiques et qu’il passera une grande partie de sa vie en exil. En mars 1933, Klaus et sa sœur Erika quittent l’Allemagne pour échapper aux répressions de la NSDAP qui vient de remporter les élections. Quelques mois plus tôt, ils avaient fondé le Pfeffermühle (le Moulin à poivre), un cabaret polifique résolument antinazi, dont le succès est immédiat.

L’arrivée des nazis au pouvoir signe le déclin des cabarets, désormais considérés comme des lieux impurs. Après avoir mis en place une Chambre de musique du Reich chargée de contrôler l’ensemble des métiers de la musique, l’exposition « Musique dégénérée » (Entartete Kunst) de 1938 dresse la liste des compositeurs et des œuvres responsables « de la dégénérescence de la musique allemande ». On y retrouve sans surprise un large répertoire composé par des artistes juifs ou communistes, mais aussi les musiques modernistes (sérielle et dodécaphonique), le jazz et le cabaret. Dans son discours d’inauguration, le commissaire d’exposition Hans Severus Ziegler explique que « ce qui est réuni dans l’exposition Musique dégénérée représente le […] triomphe de la sous-humanité, de l’impudence juive et d’un abrutissement intellectuel complet. […] Une musique étrangère à l’essence allemande. » C’est une musique sans histoire ni racine, un surgeon de culture malade.

Quantité de compositeurs ont ainsi été persécutés et condamnés à l’oubli, nous privant aujourd’hui d’une grande partie de notre patrimoine musical. Cette Atlandide a été explorée depuis quelques années. Nous y jetons à notre tour un coup de sonde. En partant du cabaret des Mann, c’est la diversité des catégories de musiques interdites, représentatives du foisonnement artistique de l’Entre- deux-guerres, que l’on voudrait atteindre.

Pour servir au mieux cette grande diversité musicale, nous avons choisi de nous entourer d’une équipe à géométrie variable, composée d’un quatuor à cordes, d’un accordéon, d’un violon baroque, d’une viole de gambe, d’un clavecin, d’une viola da spalla et de trois chanteurs : une mezzo-soprano (Eléonore Pancrazi), une alto (Lucile Richardot) et un baryton-basse (Edwin Crossley- Mercer). Notre choix s’est porté sur ces des tessitures médianes pour être au plus proche de l’émission parlée, typique du cabaret, mais aussi parce qu’il fallait des voix chaudes et rondes capables de se couler avec la même facilité dans les chants folkloriques juifs et dans un répertoire plus lyrique.

Le titre de notre programme, Quand les lumières s’éteignent, est emprunté au roman du même nom d’Erika Mann, dans lequel elle analyse les conditions qui ont permis l’arrivée d’Hitler au pouvoir et l’institution du Troisième Reich. Plusieurs raisons ont motivé ce choix. D’abord parce qu’il illustre parfaitement l’obscurantisme profond et la terreur qui se sont abattus sur l’Allemagne ; ensuite parce que si les lumières se sont éteintes sur la scène allemande, il nous revient de les rallumer aujourd’hui, pour redonner à ces artistes oubliés la place qui leur revient. Alors quand les lumières s’éteignent et que le silence se fait dans la salle, prêtez l’oreille : ce que nous jouons, c’est la musique dégénérée, celle des hommes sans racines.

📸 Lucile Richardot © Titouan Massé
Production ActeSix / Coproduction Théâtre de Caen, Mémorial de Caen / Ce programme est soutenu par la Fondation Orange

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